Sacha Ribeiro & Alice Vannier
ET LE RESTE C'EST DE LA SAUCE SUR LES CAILLOUX
Création février 2026 au Théâtre des Célestins
“J’avais oublié la vertu majeure dont Jean-Marie Straub et Danièle Huillet savent si discrètement rappeler le nom aux distraits, aux distraitements désespérés que nous sommes : la patience (la lenteur, l’attention).”
Franco Fortini, lettre à J.M Straub et D. Huillet, Milan 27 novembre 1974
Et le reste c’est de la sauce sur les cailloux est une mise en abîme où deux jeunes artistes se lancent dans les répétitions d'un nouveau spectacle. À l’aune de cette prochaine création, emmêlé·e·s dans des problématiques humaines et artistiques, politiques et esthétiques, iels sont en prise avec une question brûlante : celle de leur propre radicalité. Iels tombent sur le documentaire de Pedro Costa “Où gît votre sourire enfoui ?” sur le couple de réalisateurices Danièle Huillet et Jean-Marie Straub, dont iels n’avaient jamais entendu parler jusqu’alors. Leurs prises de bec, leur refus de tout compromis et de tout consensus, leur souci du moindre détail, dans chaque coupe, dans chaque plan, les fascinent et les passionnent immédiatement. Mais iels se rendent vite compte que personne ne les connaît ; ou que les quelques rares connaisseur·euse·s ne se payent pas de mots pour taxer leurs films d'ascétisme, les catégoriser comme des « films marginaux », faits pour une minorité privilégiée d’intellectuel·le·s qui seront seul·e·s à les voir, "l'Internationale straubienne" comme les appelait Serge Daney…
« Il faut continuer, je ne peux pas continuer,
il faut continuer, je vais donc continuer ».
Samuel Beckett
Raison de plus pour ces deux artistes d’écrire un spectacle sur elleux et de mettre au jour ce couple de réalisateurices méconnu dont l'engagement n'a jamais cessé de motiver le geste créatif, qui pensaient faire des films pour le peuple, toujours soucieux·ses du sort des ouvrier·e·s et de tous·tes les damné·e·s de la Terre. Mais quand iels s’attaquent pour la première fois à leurs films, iels n’en ont pas la réception à laquelle iels s’attendaient… Iels se heurtent elleux-mêmes à ce cinéma qui les bouscule et qui leur apparaît tantôt comme un défi émancipateur, tantôt comme un curieux paradoxe aux discours qui les ont, au préalable, tant intéressé·e·s.
Mais est-il seulement possible de s’adresser à toustes sans pour autant niveler son travail pour le plus grand nombre ? Une œuvre qui ne fait pas consensus, à l'accès difficile et qui demande une certaine patience, un effort d’attention, est-elle forcément élitiste ? Marginale ? Contre le/la spectateurice ? En même temps ne sommes-nous pas à un moment de l’histoire où il serait nécessaire de produire des œuvres qui vont exercer un “pouvoir d’attraction” comme le disait Gramsci plutôt que des œuvres qui nous éloigne d'éventuels alliés politiques ? Les Straub ont-iels eu tort de vouloir à tout prix rester fidèles à leur révolte originelle, résister coûte que coûte aux injonctions jetées par les écrans de la société capitaliste, et ainsi se couper du grand public et des circuits de distribution ?
Ces questions en cascade les animent en même temps qu’elles les divisent et viennent faire disjoncter tant leur spectacle que leur relation intime rendant de plus en plus difficile la possibilité-même de rester uni·e·s dans la réalisation d’un projet. Iels avancent comme des équilibristes sur le fil tendu d’une époque qui, loin de les ménager, met perpétuellement en doute et en confrontation leurs désirs. Comment, dans cette mise à l’épreuve de leur radicalité, ne pas tarir un conflit à priori créateur d’impasse, afin qu’il permette à la pensée d’être poussée plus loin, dans ces retranchements ?
Et le reste c’est de la sauce sur les cailloux c’est le défi d’une impossible réconciliation entre des idéaux et des passages à l’acte, et c’est aussi une histoire de vieux couples, de relations intimes et artistiques et de luttes.
"Le cinéma… j'en suis arrivé à un point où je considère que le cinéma n'existe pas et qu'il n'est pas intéressant. Il n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Le cinéma est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi."
Jean-Marie Straub
Écriture, mise en scène et jeu : Sacha Ribeiro et Alice Vannier
Scénographie Benjamin Hautin
Conception lumière Anne-Sophie Mage
Costumes Léa Emonet
Durée envisagée 1h15
Production Compagnie Courir à la Catastrophe
Coproductions Les Célestins Théâtre de Lyon, en cours.
Avec le soutien du Théâtre Jean Lurçat Scène nationale d'Aubusson, théâtre garonne scène européenne - Toulouse, Théâtre de la Cité Internationale - Paris
En compagnonnage avec le Théâtre National Populaire – Villeurbanne
Calendrier
13 au 17 janvier 2025 Résidence d’écriture
11 au 14 février 2025 Résidence d’écriture au Théâtre Jean Lurçat Scène Nationale d’Aubusson
7 au 11 avril 2025 Résidence de plateau au Théâtre de la Cité Internationale à Paris
29 septembre au 10 octobre 2025 Résidence de plateau au Théâtre National Populaire de Villeurbanne
Sortie de résidence le 10 octobre 2025 à 16h30 au TNP
24 au 29 novembre 2025 Résidence de plateau au théâtre garonne à Toulouse
06 au 12 janvier 2026 Résidence de plateau au Collectif 12 à Mantes-la-Jolie
09 au 22 février 2026 Résidence de plateau aux Célestins Théâtre de Lyon
Création le mercredi 25 février 2026 aux Célestins Théâtre de Lyon
puis du 26 février au 7 mars -relâche 2 mars

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